La Culture du Grand Océan
OCEAN-OUTRIGGER | L'ESPRIT OO | INSPIRATION

Gravure: Waka Moana, Voyages of the Ancestors, editor K.R. Howe, BATEMAN.

Source et texte : Les pirogues, reflets de la Polynésie, Hélène Guiot, (société des océanes, Paris).

Sillonnant les mers depuis des millénaires, les Polynésiens ont grandement basé leurs conceptions du monde sur les innombrables voyages qu'ils effectuèrent sur l'Océan. Ainsi, toute île ou archipel constituait pour eux le centre, le nombril (PITO), d'une coupole de ciel, caractérisée par une étoile zénithale. Le point de rencontre de cette coupole avec l'Océan formait le cercle de l'horizon.  Passer d'une île à une autre équivalait donc à accéder à un nouveau ciel, et naviguer à se frayer un chemin à travers les cieux. Permettant de parcourir l'Océan, les embarcations des polynésiens les amenaient ainsi à voler de ciel en ciel. Les premiers éléments étudiés et utilisés par les navigateurs polynésiens furent ainsi ceux ce rattachant à la voûte céleste de chaque île explorée: positionnement du soleil, de la lune, des étoiles, conditions des vents, etc... 

Les vents comme les êtres vivants peuplant l'environnement océanique, représentaient alors les messages/émanations des dieux. La vie des hommes était subordonnée aux souffles divins; le voyage signifiant un accord avec les vents et, par la même occasion avec les dieux.
L'Océan, élément familier et vital, constituait un espace d'accès à d'autres lieux, un espace où évoluaient différents dieux, tantôt incarnés par un animal, tantôt par une force de la nature. L'enseignement à la navigation apprenait au marin à connaître parfaitement son environnement, à entrer en étroites symbiose avec celui ci, avec la totalité de l'océan. Le navigateur se considérait comme une part de l'univers au même titre qu'un astre, qu'une vague, qu'un oiseaux ou qu'un coquillage; son voyage était vécu non pas comme un défi ou une provocation, mais bien comme une rencontre. Il observait le respect le plus total de son environnement marin, seule promesse d'arriver à destination. 

Ainsi, se sont des générations de navigateurs qui ont valorisé les dieux, les forces et les animaux de l'océan en tant que fondements de leur science nautique, ancrant au sein des peuples polynésiens une véritable culture du Grand Océan.

Gravure : Waka Moana, Voyages of the Ancestors, editor K.R. Howe, BATEMAN.

Les tahitiens et les maoris assimilaient l’océan à un grand marae : espace de réunion et de culte de l’ancienne religion polythéiste des polynésiens. Les polynésiens, avant d’entreprendre une expédition en haute mer, sollicitaient les faveurs des Dieux par des prières, des offrandes et le respect des tabous.

L’océan et les êtres le peuplant étaient tous dotés de leur dieu tutélaire.

Ainsi, aux Samoa, la mer serait née de la sueur de Tagaloa, lorsqu’il entreprit la création du monde. Le dieu Tagaloa était très important pour le peuple tahitien, il était accompagné de nombreux messagers tels que : le requin, les oiseaux, la baleine représentant son ombre et la raie son marae.  L’Albatros quant à lui,  était prié par les navigateurs lors de fortes tempêtes afin qu’il calme les flots et vole à leur secours.  La formation des marins reposait sur la parfaite connaissance de leur environnement naturel.

Cet enseignement dispensé par les spécialistes était complété par le récit des périples mythiques des ancêtres déifiés.  Les techniques de navigation était l’observation attentive des phénomènes naturels et constituait la science nautique traditionnelle des peuples insulaires du Pacifique alors dépourvu de tout instrument de navigation.



Dessin : Waka Moana, Voyages of the Ancestors, editor K.R. Howe, BATEMAN.


Ces techniques ancestrales très sophistiquées, se développèrent au fil du temps et se transmirent de génération en génération. C’est ainsi que se tracèrent les grandes routes qui conduirent au peuplement de l’Océanie.

 


Dessin : Waka Moana, Voyages of the Ancestors, editor K.R. Howe, BATEMAN.


A l’heure actuelle, c’est le plus ancien témoignage connu à l’échelle mondiale de transport maritime (vers 1500 avant J.C).  L’océan Pacifique représente le plus grand océan du monde, soit 178 000 000 km2 pour 1 000 000 km2 de  terres immergées. Sa conquête relève donc d’un véritable exploit aussi bien d’un point de vue humain que d’un point de vue technique si l’on considère les immensités traversées. 

Les marins établissaient la date de leur départ en fonction des informations dispensées par les spécialistes chargés de prédire le temps.

Ces derniers, tels des météorologues, leur signalaient l’arrivée des périodes des alizés, vents stables accompagnés de conditions météorologiques favorables aux longues expéditions.


 

Gravure : Hawaiian Canoe-Building Traditions, illustré par Robin Y prix du levitra en france.Burningham, developpé par Noami N.Y. Chun, Kamehameha Schools/Bernice Pauahi Bishop Estate.


De nos jours, les pêcheurs Wallisiens, observent encore attentivement le vol des frégates afin de connaître l’intensité des vents.  Si celles-ci volent bas, alors le vent soufflera fort.  Les marins utilisaient des points de repères terrestres, naturels ou construits en vue d’établir la direction à suivre avant le départ pour une île voisine.  Le pilote prenait ses repères au sol pour diriger la poupe.  

Dès l’aube, ils prenaient le large afin que ces repères restent visibles le plus longtemps possible et les astres prenaient le relais à la tombée de la nuit. 

Les marins nommaient les étoiles et connaissaient parfaitement leur course.

Ils mettaient le cap en fonction d’une étoile déterminée, à son lever ou à son coucher et la substituaient par de nouvelles étoiles (isolées ou en groupes) au fur et à mesure que celle-ci s’éloignait de l’horizon. 

Le rôle privilégié des étoiles zénithales n’avaient pas de secrets pour eux.  Une étoile zénithale s’élève perpendiculairement à l’horizon et marque la latitude d’une île pour un observateur situé près de l’équateur.  Ainsi, une fois cette latitude atteinte, au vent du point recherché, il suffisait aux marins de se déplacer en longitude avec comme point de repère le soleil couchant. 

Dans la plupart des îles polynésiennes, les pilotes constituaient leurs propres roses des vents ; celles-ci représentaient un support mental où l’horizon était divisait en plusieurs parties portant chacune le nom d’un vent et indiquant quelque fois sa force. 

Les Polynésiens connaissaient précisément les caractéristiques de la houle. 

La houle est le résultat d’un vent de longue durée et continue bien après que celui-ci n’ait cessé alors que les vagues sont le fruit d’un vent temporaire.  Ainsi, les marins pouvaient maintenir le jour, la route suivie la nuit à l’aide des étoiles, en gardant l’angle formé entre la poupe du bateau et la direction constante de la houle.

 


Gravure : Hawaiian Canoe-Building Traditions, illustré par Robin Y.Burningham, developpé par Noami N.Y. Chun, Kamehameha Schools/Bernice Pauahi Bishop Estate.

Le changement d’apparence ou d’orientation de la houle indiquait la direction d’une terre. David Lewis, navigua durant de longues années aux côtés des marins océaniens, et relate avec admiration leur capacité stupéfiante à suivre les mouvements de la houle, reflets des îles situées au-delà de l’horizon. 

Les formations nuageuses adoptent des configurations différentes en fonction de leur position, au dessus d’une île haute, d’une île basse ou d’un atoll : autour et le plus souvent largement au dessus des sommets montagneux, en arc de cercle tourné vers la mer, de teintes verdâtres en raison de la réflexion de la couleur de l’eau du lagon. L’éclat du soleil se reflète sur le sable corallien, un pilier de lumière à la fois pâle et miroitant se  forme sur le lagon et s’élève au dessus de l’île. 

Ces formations sont visibles de loin bien avant que n’apparaisse la terre. L’observation du comportement des oiseaux, l’identification des différentes espèces et la connaissance de leur champ d’action jouaient un rôle important dans l’orientation des marins. En effet, leur vol, au crépuscule ou à l’aube pouvait signaler la direction d’une île.

 

  
Gravure : VA’A, La pirogue Polynésienne/Au Vent des îles/editions-Tahiti.
 

 

Le parfum des fleurs porté au vent ainsi que l’odeur du feu annonçaient également la présence d’une terre à proximité.

Aussi, les marins utilisaient l’odorat très développé du cochon ou du chien, ils jetaient l’animal à l’eau et suivaient son sillage pour atteindre la terre. 

Pour chaque nouvelle terre découverte, un spécialiste mémorisait  le chemin suivi  et les moyens astronomiques  associés permettant ainsi d’accroître leurs connaissances géographiques afin de les transmettre aux  nouvelles générations. 

Au cours de ses expéditions, le capitaine Cook eut l’opportunité de s’entretenir avec quelques spécialistes, il rencontra notamment le prêtre Tupaia,  de l’île de Raiatea qui lui révéla le nom et la position géographique de 74 îles. 

Toutefois, le capitaine Cook, en comptabilisa près de 156 aux Tonga ce qui laisse sous entendre que les ancêtres polynésiens ne dévoilèrent pas toute leur savoir…


Source et texte : Les pirogues, reflets de la Polynésie, Hélène Guiot, (société des océanes, Paris).

 
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