Ludovic Dulou
OCEAN-OUTRIGGER | L'ESPRIT OO | FONDATEUR
Ludo take off SUP vent offshore
Ludo Dulou à la rame, Belharra. Photo Stéphane Beckret, dec 2012.


Entretien avec Gibus de Soultrait, directeur de la publication de Surfer's Journal France.
 

Avant de faire du surf et du paddleboard, tu as une carrière de MNS.  Qu'est-ce qui t'as poussé sur la rame longue distance ?
Mon parcours sportif et mon amour pour le milieu aquatique naissent en tant qu’MNS sur le littoral Aquitain, en tant que B.E des activités de la natation et en tant que joueur de waterpolo aux Girondins de Bordeaux. En étant MNS, j’ai été initié à la culture des sports watermen, au bodysurf et à tout le reste. J’ai ressenti la nécessité d’être un athlète au top de sa forme en cotoyant des athlètes MNS, avec lesquels j'ai partagé beaucoup de chose. Mon métier de Maître Nageur Sauveteur m’a amené à sauver des vies et à prendre conscience de l’importance de la connaissance du milieu marin. C'était le tout début du sauvetage sportif "à l'australienne" et tous mes copains MNS étaient des pionniers en la matière. C’est en partant vivre en Polynésie en 1997 que j'ai saisi toute la dimension de la culture de ce peuple, basée sur le relation de l’homme avec l’océan. Touché et inspiré par cette culture, j'ai cherché à comprendre, à vivre l’environnement marin, à pêcher, à surfer, à ramer. Je suis également très attaché à la culture ainsi qu’aux valeurs de ma région : l'Aquitaine et la Gascogne. A mon retour de Polynésie, j'ai décidé logiquement de vivre ma passion et de créer une structure autour des sports de glisse et d’endurance de l’océan. J’ai choisi de m’installer à Socoa, sur la Côte Basque, en mars 2002. En 2005, Ocean-Outrigger, voyait le jour… Et parallèlement à cela, j'avais envie de repousser mes limites en allant me confronter aux meilleurs athlètes "Lifeguard" mondiaux. J'ai commencé à participer à de grandes courses internationales, avec tout l'entraînement physique et la préparation technique que cela demande.



Sans doute la discipline la plus "pure" de la culture surf : le body surf.
Photo : Greg Rabejac 

Le Paddleboard 
 

Tu t'es révélé en paddleboard sur la Gascogne, une course inédite par sa longueur...
Il y a d'abord eu San Sebastien/Saint-Jean de luz en relais, en 2004. Puis St Jean de Luz/Capbreton l'année suivante que j'ai gagné et finalement la grande course San Sebastien/Capbreton en 2006, qui est devenu la "Gascogne". La course est alors devenue la plus longue course de paddleboard au monde, plus longue que la Molokai à Hawaii ou la Catalina en Californie. La Gascogne fait 34 milles nautiques soit 65 km. J’ai participé à toutes les éditions sauf l’édition 2009 ou Mathieu Chevalier gagne en solo. En 2006 et 2007, cela a été chaque fois un duel tendu entre Jamie Mitchell, le meilleur rameur de la discipline et moi. Un rameur très technique, trés puissant que j'ai beaucoup observé. En 2007, il me bat de 42 secondes aprés un duel de 7h25 d'effort. En 2008, Mitchell n'est pas revenu, avouant que cette course était trop dure, pas assez downwind pour lui. La Gascogne, ce n'est pas la Molokai. Néanmoins cette année-là, j'ai repris le record de l'épreuve en 6h41 minutes avec des conditions similaires à celles de 2006.


Arrivée de "La Gascogne" sept 2007 aprés un duel de 7H25 entre Dulou et Mitchell.


Quelle planche avais-tu ?
Pour ma première victoire, entre Saint de Luz et Capbreton, j'avais une planche de 12 pieds Hayden jaune... la distance faisait environ 32 km et j'ai ramé 4h36. Sur la Gascogne, je courais en Ulimited Category, c'est-à-dire sur une planche de plus 4 m. En 2008, j'avais une très bonne planche, adapté aux conditions, cela m'a aidé à battre le record. J'avais une moyenne de 10 km/h sur 65 km. Ma planche faisait 5,80 M avec un safran dirigeable, une magnifique 18’2 BARK, tout en carbone shapée par le maître en la matière, Joe Bark. Une planche avec laquelle je me suis fait plaisir, malgré la difficulté de nos sports.

 

Outre la Gascogne, tu faisais l’Oceanman de Capbreton en solo face à des équipes de 4 sauveteurs. Une bonne façon de t'entraîner ?
Cette épreuve me tenait à cœur. L’Oceanman est l’épreuve reine du sauvetage côtier, avec de la rame, de la natation, du kayak australien, de la course à pieds sur le sable. Nous avons mené un duel mémorable avec Walter Geyer en 2006 qui est à l'origine de cet évènement avec le club de Capbreton. J’ai eu la joie de décrocher la première place sur cette épreuve durant trois années consécutives.

Ludo en train de ramer un paddleboard de haute fabrique : Mitch Pom. Photo : Greg Rabejac

La Molokai est l'épreuve mythique du paddelboard. Peu d'Européens y ont participé. Cela a été une sacré expérience, non ?
Lors de l’édition 2007, les conditions de mer étaient épiques et m’ont marqué. Malgré cela, je finis 4ème en 5h36 et vainqueur dans ma catégorie très disputés des 30-39 ans. Je me suis réellement retrouvé poussé dans mes propres retranchements. J’ai la satisfaction d’avoir fait partie du haut du tableau, avec 120 rameurs expérimentés alignés au départ ! J’en garde avant tout le souvenir d’une victoire sur moi-même ! Cette course est un grand défi et le niveau est trés élevé.

 

LA PIROGUE

A côté de tes performances en paddleboard, tu inities des manifestations watermen, course de pirogues et autres. Qu'en est-il exactement ?
Grâce à mon parcours MNS, j'aime partager, transmettre, créer des échanges. C’est aussi pour moi un moyen de rester dans la lignée de ma formation d’éducateur sportif. Ainsi parallèlement au paddleboard, je me suis intéressé à la pirogue, d'où la création de mon entreprise : Ocean-Outrigger. J’ai d’abord découvert cette discipline en allant vivre à Tahiti. En Polynésie, les tahitiens font de la pirogue dite Va’a Hoe, sans safran. Puis lors de ma première Molokai, j’ai découvert la pirogue hawaïenne : l’Outrigger Canoe. Une pirogue conçue pour le plein océan, dans la houle et le vent. Je me suis procuré ma première pirogue hawaïenne en Italie, sous les conseils de François-Xavier Maurin qui est celui qui a ramené la pirogue polynésienne. Persuadé de l’intérêt de la discipline, j’ai souhaité partager mes sensations avec d’autres sportifs et d'autres rameurs qui s'intéressaient aussi à la pirogue.

L'outrigger canoe est un sport d'endurance mais aussi un sport de glisse... Photo : Greg Rabejac

Du coup tu organises des compétitions assez vite...
Dans mon désir de faire connaître cette discipline, je me suis effectivement lancé dans l’organisation des premières courses de pirogues hawaiennes OC1/OC2. C’était en mai 2006 dans la baie de St Jean de Luz, dans le cadre du festival international du film de surf. Avec Océan-Outrigger et les clubs sportifs du Belharra Watermen club et de l'Urkirola surf club de Guethary, nous organisons une course depuis 2007, au port de Guéthary début août. Il y a la présence de grands rameurs Français, et d’ailleurs avec aussi les passionnés de nos disciplines qui viennent de partout en France. Les conditions peuvent être solides avec le vent et la houle. Toutes ces courses ont lieu sur un parcours en "triangle", ce qui permet aux spectateurs de bien suivre, du coup le public est souvent très nombreux. Le but pour moi en tant qu'organisateur est de faire ressentir la houle, le vent et l’élément marin aux participants. Grâce au parcours en triangle, la course n'est pas un marathon, donc abordable par plus de participants et plus simple au niveau sécurité.

 
Beaucoup de bons rameurs de pirogues et autres supports viennent du Belharra Watermen Club. Comment t’es venu l'idée de créer ce club ?
La racine du club est composé d’une équipe de sportifs confirmés et passionnés mais aussi des personnes n'étant pas impliqués dans le milieu sportif qui apportent beaucoup. Nous sommes plusieurs éducateurs sportifs et l'on essaie de partager et de transmettre ce que l'on a acquis dans nos parcours respectifs. Nous avons créé le club avec Daniel Aberard, il y a 5 ans et j'ai l'honneur et la responsabilité d’en être président. Le Belharra Watermen Club s'articule sur trois branches : le sauvetage côtier sportif, les sports de rame et d’endurance et les entrainements waterman. Il vise la formation des jeunes au sauvetage côtier sportif, avec un apprentissage technique des sports de rame en pleine mer. Il y a des sorties pirogues en équipe (V6) hebdomadaires avec les garçons, une équipe fille "Irrintzina" trés dynamique...


Le Stand Up Paddle

Avec l'essor du stand-up paddleboard, tu t'es pris au jeu de cette pratique, tu participes aux courses et tu développes des modèles de planches Race pour F-One, peux-tu nous expliquer? 
La première fois que j'ai fais du SUP, c'était sur un surf tandem avec une pagaie que j’avais achetée à Brian Keaulana en juillet 2005. Puis, j'ai réellement découvert la pratique du SUP grâce à Mick Di Betta, sur une planche plus adaptée lors d’un voyage en Australie en février 2006. Aujourd'hui, je me motive en participant à des compétitions de Sup Race, comme l'étape d'Oléron du World Tour. Une façon pour moi, passé 41 ans, de rester motivé et d'être avec les meilleurs rameurs.  

C'est comme ça que j'ai rencontré F-One et que je collabore aujourd'hui en tant que développeur pour les planches de Race notamment. C'est une expérience enrichissante et motivante ! F-One est une entreprise française de qualité, qui a fait ses preuves dans le monde du kite surf.

Pourquoi vouloir limiter une discipline en l'enfermant dans des clichés ? Ludo testant son modèle 12'6 Race. Photo : Rabejac

Quand tu parles du plein océan, c'est avant tout le plaisir de ramer downwind. Explique nous ta vision des choses. 
J’ai saisi l’intérêt de cette pratique en participant à plusieurs reprises à la course Molokai à Hawaï. En 2004, lors de ma première participation, je n'avais pas vraiment saisi l'intérêt du downwind. Guy Perry, lifeguard à Sunset beach et recordman de la course en paddleboard m'a aidé à comprendre. Je savais depuis des années que les meilleurs rameurs s’entraînaient dans des conditions alliant l’endurance à la glisse. 

Ce que l'on appelle "le downwind", c'est avant tout la lecture approprié du plan d'eau, l'effort physique fractionné, la finesse dans la sensation de glisse associé à la connection des vagues de vent appelés "Bumps". A cela vient se rajouter la houle de fond et les réflexions de cette houle contre les falaises, comme c'est souvent le cas à hawaii et ailleurs. Ceux qui savent alliés la technique du downwind à la préparation physique, surfent l'Océan tout entier et prennent un réel plaisir ! Je fais le rapprochement avec le ski hors piste en essayant d'expliquer cette pratique. Voilà ce qu'est ma vision du downwind. Aujourd’hui des épreuves downwind sont organisées partout sur nos côtes françaises. Le downwind se développe de plus en plus, je pense. Une nouvelle voie du sport européen est ouverte...

Ce que tu cherches à faire connaître à travers ta passion et ton métier?
Dans ma vision d’entreprise, je souhaite « populariser » les disciplines issues de la culture polynésienne, du sauvetage sportif, de la natation, le surf et aussi partager ma passion pour l'océan. Il y a dans le partage de l'océan, comme les polynésiens nous l'apprennent, de vraies valeurs et les sports watermen sont là pour les révéler. C'est cela qui me passionne, en y ajoutant l'aspect technique, ce que je fais en travaillant avec l’entreprise F-One par exemple.

Les Polynésiens nomment la houle de sud qui arrive du fin fond de l'océan : "Blue Birds".

Photos : Greg Rabejac

Palmarés et parcours sportif :

- Vainqueur Molokai solo 40-49 paddleboard et champion du monde 40 ans plus, 2015.

- Champion de France de paddleboard open, 2015.

- Double vainqueur Paddleboard Race "La Gascogne", France 2005 et 2008.

- Double vainqueur Molokai solo 30-39 ans paddleboard et champion du monde 30-39, 2005 et 2007.

- Recordman de la plus longue course du monde de paddleboard : La "Gascogne" 65 Km en 6h41, 2008.

- Vice-champion du monde de paddleboard à Montpellier, 2014.

- 4ème place open paddleboard Molokai solo en 5H36, 2007.

- Vainqueur championnat d'europe pirogue hawaïenne bi-place OC2, Giglio Italie, 2010.

- Meilleur performer Européen/Français en paddleboard longue distance de 2003 à 2009.

- Triple vainqueur Oceanman longue distance de Capbreton, 2006/2007/2008.

- Vice-champion de France open paddleboard longue distance, 2013 et 2014.

- 5 Molokai solo hawaii et 5 paddleboard Race « La Gascogne ».

- Pratique le sauvetage, le surf, la chasse sous marine et le body surf depuis 1994.

- Plus de 20 ans d'expérience en sauvetage côtier sportif et professionel, en surf et dans les sports de rame de plein océan.

 
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